Le Village Potager, une exploitation maraîchère pas comme les autres
Une ferme bio et solidaire, installée sur un domaine de 40 hectares (dont 10 en maraîchage) à seulement 1h au sud de Paris, c’est le projet fou d’Hélène et Etienne Falise, un couple d’ingénieurs et d’entrepreneurs qui ont décidé de tout lâcher en 2016. Après une grosse remise en question sur le sens de la vie et sur leur avenir professionnel à Paris, ainsi qu’un tour du monde et un arrêt à la ferme de Gawad Kalinga, à Angat aux Philippines, le couple se décide à étudier de près cette idée de « village » ou ferme biologique cette fois-ci en Ile-de-France. Après de longues recherches sur l’emplacement idéal, le couple s’arrête sur le petit village de Saint-Pierre-Lès-Nemours, et crée le « Village Potager » à quelques kilomètres seulement de Nemours. Mais un projet d’une telle ampleur ne se construit pas en un jour, Hélène et Etienne ont fait face à de nombreux obstacles.
Bienvenue au Village Potager!
Hélène et son mari ont eu une première vie plus urbaine, dans le conseil marketing, dans l’innovation et l’industrie. En 2016, ils ont eu envie de recréer une entreprise ensemble, cette fois-ci sociale et solidaire avec deux idées bien précises : Etienne voulait créer de l’emploi, et Hélène construire une société qui ait un impact environnemental positif. Ils ont choisi le maraîchage pour ces deux raisons. Sur les 40 hectares disponibles, le couple transforme 25 hectares de prairie petit à petit en culture maraîchère. A ce jour, en 2021, 10 hectares sont pour l’instant cultivés, ce qui fait du Village Potager une ferme maraîchère assez importante. C’est un centre équestre qui était précédemment installé sur ces 25 hectares. Les espaces actuellement cultivés n’ont donc jamais été traités chimiquement et la ferme a pu obtenir dès la première année d’exploitation sont label agriculture biologique !
Une production en agriculture biologique
Puisque l’idée était d’avoir un impact environnemental positif, cultiver du Bio n’était pas négociable! Hélène et son mari ne souhaitaient absolument pas travailler avec des techniques de culture polluantes. Ils vont au-delà du bio en utilisant des techniques agro-écologiques. Pour préserver et renforcer la biodiversité, la ferme plante des fleurs et des arbres. On prête également une attention toute particulière à la vie du sol en utilisant des techniques agricoles respectueuses de la terre. Les vers de terre, les bactéries, les champignons, les insectes et toute cette biologie protègent les plantes, enrichissent le sol et leur permettent de se nourrir. On a donc choisi, ici, de ne pas labourer la terre, pratique qui détruit la vie du sol en l’exposant aux UV, à l’air libre. Les bactéries anaérobies (existant en l’absence du dioxygène) et les champignons meurent quand on retourne la terre. Les sols s’affaissent et les plants ne se nourrissent plus par eux-mêmes.
Un havre de paix pour la biodiversité
Le lieu est magique pour la biodiversité! La parcelle de 25 hectares de prairie est comme enclavée dans la forêt de la commanderie. La faune est donc omniprésente en ce lieu, ce qui est fabuleux quand on sait le rôle majeur qu’elle joue dans ce type d’agriculture durable. Les insectes pollinisateurs comme les abeilles et les bourdons vont venir butiner les plantes; la forêt a également cet extraordinaire avantage d’être une barrière mécanique qui protège l’exploitation maraîchère de nombreuses pollutions extérieures, un vrai petit havre de paix. Ne soyons pas dupes, cette proximité avec la faune a également ses petits défis et si on laissait chevreuils et sangliers s’y donner à cœur joie, peu de chance qu’ils nous laisseraient de quoi manger… Des clôtures ont donc été installées, rien de bien méchant en somme, pour nos amies les bêtes !
L’une des clés pour produire des légumes de qualité sans utiliser de produits chimiques est la rotation des cultures. Tous les champs de la ferme sont divisés en parcelles et chaque parcelle correspond à une famille de légumes. Ces familles de légumes changent de parcelle chaque année et ne retrouveront une parcelle qu’après 5 années. De cette manière, les parasites sont perturbés et ont plus de mal à coloniser les lieux, ils éprouvent plus de difficultés à retrouver leurs légumes fétiches sans qu’on ait fait quoi que ce soit de néfaste à mère nature. Cette technique a également l’avantage de moins appauvrir le sol. Chaque plante va puiser différents nutriments et oligoéléments dans le sol, les légumes feuilles comme les blettes ou les salades ont besoin de beaucoup d’azote, alors que les légumes racines comme les carottes et les palets ont besoin d’autres nutriments, la rotation évite que la même variété aille année après année puiser les mêmes éléments sur une parcelle. Il faut savoir trouver un juste milieu et jouer avec la biodiversité de la terre. C’est d’autant plus de travail et de connaissance à acquérir pour les maraichers.
Cultiver en harmonie avec la nature
User de méthodes naturelles pour empêcher les « dits » parasites de dévorer les récoltes est indispensable car nos nuisibles sont un festin pour d’autres espèces. Les coccinelles raffolent notamment des pucerons, les oiseaux se nourrissent également d’insectes, si nous privons ces espèces de leurs sources de nourriture, elles disparaîtront avec nos nuisibles. Il faut parfois laisser la nature s’exprimer et un équilibre finit par se mettre en place.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos poireaux ! Le sol de la ferme est très sableux, facile à travailler, mais nécessite d’être nourri très souvent avec du compost provenant du recyclage des déchets verts. Du fumier de cheval récupéré dans les centres équestres aux alentours et des feuilles sont par exemple étendues sur les parcelles.
La moitié de l’année est assez chargée au Village Potager. Le mois de mai est traditionnellement un des mois les plus importants car c’est celui des plantations. Ensuite, le mois de juin est en grande partie occupée par le désherbage. La majeure partie de ce travail est effectué à la main mais les machines viennent ponctuellement en aide aux maraîchers. Juillet et août sont les mois des récoltes, en particulier les tomates, les concombres et les courgettes. Les légumes d’hiver sont quant à eux récoltés en octobre. Le reste de l’année, les sols sont préparés pour l’été. Les 7.500 m2 de serres (non chauffées) permettent de cultiver toute l’année, même en hiver des verdures toutes fraîches. Les agriculteurs remettent du compost et des engrais verts sont plantés, qui n’ont pas vocation à être récoltés mais uniquement à enrichir le sol.
L’entreprise est jeune mais progresse d’année en année. Les équipes sont mieux formées et apprennent de leur erreur. La saison a mieux démarré que l’année dernière, notamment cet hiver. Les récentes gelées ont retardé la pousse des légumes primeurs d’environ 3 semaines. Au mois d’août, s’il y a du surplus des légumes d’été, ces derniers sont transformés en ratatouilles, coulis pour pouvoir profiter de bons légumes bios même en hiver!
On l’aura compris, le bio n’est pas la méthode de culture la plus simple et rapide. Cependant cela reste un réel engagement pour les agriculteurs comme Hélène et Etienne. Ces derniers sont aujourd’hui soucieux de l’accélération du dérèglement climatique, c’est un coup dur chaque année pour les légumes qui ne sont pas habitués à une telle température et pour les maraichers qui travaillent dehors. Hélène et son mari commencent à regarder d’autres variétés qui pourraient être cultivables en Ile de France car adaptées à ce changement, comme les kiwis.
Les graines semées par la ferme de Gawad Kalinga ont donc également germé à l’étranger. Gawad Kalinga signifie en Tagalog « prendre soin de ». C’est une ONG Philippine fondée par Tony Meloto dont le but est d’éradiquer la pauvreté dans le pays d’ici 2025. Pour cela, elle coopère avec les communautés rurales les plus marginalisées et les plus concernées par les catastrophes climatiques, afin de soutenir leur empowerment sur un long terme. Depuis la construction de 2500 villages entiers sur tout le territoire philippin jusqu’à la création d’emplois, le développement des produits locaux et la scolarisation des plus jeunes, Gawad Kalinga accompagne les plus démunis pour leur redonner une dignité et des voies stables de développement. Fondée sur ces valeurs, l’esprit de solidarité et d’amour de l’autre, l’association a déjà contribué à sortir plusieurs millions de personnes de la pauvreté depuis 2003, les prévisions étant fixées à 5 millions d’ici 4 ans.
Le Village Potager s’en inspire largement, en offrant des positions en tant que maraicher à des personnes en réinsertion sociale et professionnelle, tout en gardant cet esprit d’entraide solidaire, cher à Hélène et Etienne. Dix-neuf emplois en insertion ont été créés dont 7 en insertion, 30 emplois induis, une formation en maraîchage, 7 500m2 de serres construites, ainsi que la distribution dans 9 AMAP pour la vente directe, le tout en appliquant des principes d’agro-écologie et 100% bio depuis l’origine.
Vous pouvez retrouver tous les produits du Village Potager directement à la ferme, 3300 rue de Larchant, 77140 Saint-Pierre-lès-Nemours. Et si vous souhaitez vous faire livrer les paniers des partisans pour découvrir les légumes du Village, rendez-vous sur notre boutique en ligne !